Omar Rodríguez-López est un artiste prolifique. Xenophanes (référence au philosophe de la Grèce antique), concept album gravitant autour de thèmes spirituels comme la réincarnation, ne constitue rien de moins que son douzième album. Il faut dire que l'ex-guitariste des regrettés At the Drive-In ne manque pas d'inspiration, entre ses efforts solo et les délires psychotiques de The Mars Volta. Et même si son compère infernal, Cedric Bixler-Zavala, n'a rien à voir avec ce Xenophanes paru en 2009, la proximité avec le groupe d'El Paso est plus qu'évidente tout au long de cet album. Rappelant par moments The Bedlam in Goliath (sorti l'année précédente), l'album d'Omar Rodríguez-López est donc parfaitement signé de cette griffe si caractéristique qui enveloppe chacun de ses projets.
Nous ayant habitué aux expérimentations et aux sons venus d'ailleurs, le guitariste d'origine portoricaine fait débuter Xenophanes avec une piste d'intro qui mélange bruits bizarres, notes de musique étranges et gémissements ectoplasmiques. Sorte de rituel sonore caribéen du futur, cette pièce est un thème récurrent tout au long de l'album, s'immisçant notamment en conclusion de certaines pistes. Ainsi, en tant qu'auditeur, on ne s'égare pas, alors qu'Omar Rodríguez-López tisse de A à Z un ensemble très cohérent qui lui permet de raconter l'histoire délirante d'une femme dont l'homme qu'elle aimait meurt avant de se révéler être en fait l'esprit du père de la malheureuse (concept évidemment sorti droit du cerveau quelque peu dérangé - quoiqu'inventif - de Rodríguez-López), bref : ambiance...
D'un point de vue musical (après tout, n'est-ce pas le plus important ?), l'album comporte son lot de surprises et de déceptions. La plupart des titres sont assez pêchus et construits autour de la guitare vicieuse du compositeur, tisseuse de sons incisifs ou oniriques, et d'une section rythmique impressionnante (le batteur Thomas Pridgen est tout simplement effrayant, s'il était encore besoin de le rappeler). Le chant en castillan, partagé entre Rodríguez-López et sa muse Ximena Sariñana, ne laisse pas indifférent, et a le mérite de former la grosse part d'originalité de cet album solo en comparaison avec les travaux de The Mars Volta.
Dans l'ensemble, Xenophanes comporte des morceaux efficaces mais souvent trop complexes, alternant passages funky endiablés et envolées planantes. Entre lignes de basse malsaines ("Amanita Virosa"), piano déglingué ("Mundo de ciegos" et ses légères touches de salsa décalée) et prouesses à la six cordes, Omar Rodríguez-López démontre une fois de plus à travers cet album qu'il est un véritable architecte de sons. Le songwriter atteint véritablement des sommets avec l'hypnotisant "Ojo al Cristo de plata" (morceau bipolaire et crescendo dans l'intensité et l'émotion) et l'instrumental "Sangrando detrás de los ojos", véritable bijou de sensualité, bande-son d'exploits charnels.
Malheureusement, et c'est là que le bât blesse, Xenophanes est aussi l'occasion pour Omar Rodríguez-López de pondre des morceaux certes psychédéliques mais peu originaux, voire sans véritable intérêt. Certains plans sont prévisibles et quelque peu réchauffés : ainsi, ORL va même jusqu'à se permettre de doter 3 morceaux consécutifs du même refrain facile et chiant. Concept album ou pas (on peut toujours argumenter, affirmant que les 3 pistes n'en forment qu'une...), il est évident que ces bémols viennent ternir l'ensemble de l'œuvre, malgré les très bonnes idées et les passages remarquables.
Au final, l'album ne s'affranchit que peu du style de The Mars Volta. Et c'est bien là le problème : on a du mal à oublier le groupe d'El Paso dans cet amalgame sonore certes extrêmement riche, mais peu inspiré. Toutefois, l'univers coloré et tentaculaire d'Omar Rodríguez-López comporte son lot d'originalité, et Xenophanes a le mérite d'en être très représentatif. Capable de coups d'éclats et doté d'une homogénéité et d'une structure linéaire indéniables, Xenophanes se trouve être, en plus d'un album difficile d'accès, perdu dans sa propre complexité. Le tout est de vouloir pénétrer ou non dans les délires de son auteur de génie.
(XSilence, août 2011)
Nous ayant habitué aux expérimentations et aux sons venus d'ailleurs, le guitariste d'origine portoricaine fait débuter Xenophanes avec une piste d'intro qui mélange bruits bizarres, notes de musique étranges et gémissements ectoplasmiques. Sorte de rituel sonore caribéen du futur, cette pièce est un thème récurrent tout au long de l'album, s'immisçant notamment en conclusion de certaines pistes. Ainsi, en tant qu'auditeur, on ne s'égare pas, alors qu'Omar Rodríguez-López tisse de A à Z un ensemble très cohérent qui lui permet de raconter l'histoire délirante d'une femme dont l'homme qu'elle aimait meurt avant de se révéler être en fait l'esprit du père de la malheureuse (concept évidemment sorti droit du cerveau quelque peu dérangé - quoiqu'inventif - de Rodríguez-López), bref : ambiance...
D'un point de vue musical (après tout, n'est-ce pas le plus important ?), l'album comporte son lot de surprises et de déceptions. La plupart des titres sont assez pêchus et construits autour de la guitare vicieuse du compositeur, tisseuse de sons incisifs ou oniriques, et d'une section rythmique impressionnante (le batteur Thomas Pridgen est tout simplement effrayant, s'il était encore besoin de le rappeler). Le chant en castillan, partagé entre Rodríguez-López et sa muse Ximena Sariñana, ne laisse pas indifférent, et a le mérite de former la grosse part d'originalité de cet album solo en comparaison avec les travaux de The Mars Volta.
Dans l'ensemble, Xenophanes comporte des morceaux efficaces mais souvent trop complexes, alternant passages funky endiablés et envolées planantes. Entre lignes de basse malsaines ("Amanita Virosa"), piano déglingué ("Mundo de ciegos" et ses légères touches de salsa décalée) et prouesses à la six cordes, Omar Rodríguez-López démontre une fois de plus à travers cet album qu'il est un véritable architecte de sons. Le songwriter atteint véritablement des sommets avec l'hypnotisant "Ojo al Cristo de plata" (morceau bipolaire et crescendo dans l'intensité et l'émotion) et l'instrumental "Sangrando detrás de los ojos", véritable bijou de sensualité, bande-son d'exploits charnels.
Malheureusement, et c'est là que le bât blesse, Xenophanes est aussi l'occasion pour Omar Rodríguez-López de pondre des morceaux certes psychédéliques mais peu originaux, voire sans véritable intérêt. Certains plans sont prévisibles et quelque peu réchauffés : ainsi, ORL va même jusqu'à se permettre de doter 3 morceaux consécutifs du même refrain facile et chiant. Concept album ou pas (on peut toujours argumenter, affirmant que les 3 pistes n'en forment qu'une...), il est évident que ces bémols viennent ternir l'ensemble de l'œuvre, malgré les très bonnes idées et les passages remarquables.
Au final, l'album ne s'affranchit que peu du style de The Mars Volta. Et c'est bien là le problème : on a du mal à oublier le groupe d'El Paso dans cet amalgame sonore certes extrêmement riche, mais peu inspiré. Toutefois, l'univers coloré et tentaculaire d'Omar Rodríguez-López comporte son lot d'originalité, et Xenophanes a le mérite d'en être très représentatif. Capable de coups d'éclats et doté d'une homogénéité et d'une structure linéaire indéniables, Xenophanes se trouve être, en plus d'un album difficile d'accès, perdu dans sa propre complexité. Le tout est de vouloir pénétrer ou non dans les délires de son auteur de génie.
(XSilence, août 2011)
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