27 mai 2011
RETURN OF THE FROG QUEEN
Return of the Frog Queen correspond à la conversion de Jeremy Enigk au christianisme au milieu des années 90, pendant un hiatus de Sunny Day Real Estate. Mine de rien, cette découverte spirituelle est indissociable de l'œuvre du chanteur, qui signe ici son premier album solo. Guitare, basse, batterie, piano et même harpe, Jeremy Enigk est sur tous les fronts et ne se contente plus d'utiliser seulement sa voix pour façonner son univers si particulier. Agrémentée d'un orchestre classique à la fois sobre et grandiloquent, la musique de Return of the Frog Queen nous ouvre les portes d'un monde unique et pour le moins merveilleux.
Et on y entre corps et esprit depuis l'introduction acoustique avec la guitare d'"Abegail Anne" jusqu'au "Fallen Heart" final, redescente après le rêve, ou épilogue d'un livre enchanteur. Car dès l'écoute de Return of the Frog Queen, on ne peut s'empêcher de penser à un étrange conte pour enfants. Les arrangements, les cordes et l'orchestre n'y sont certainement pas étrangers. Au fil de l'album, on voit apparaître des créatures fabuleuses se dessiner dans une ambiance féérique.
Si l'essentiel de cet album s'affranchit volontairement de la musique de Sunny Day Real Estate, on retrouve tout de même quelques similitudes avec le groupe de Seattle, principalement à travers les lignes de chant et les envolées lyriques de Jeremy Enigk. Return of the Frog Queen comporte essentiellement des ballades envoûtantes et des morceaux calmes. Parfois inquiétantes (l'ambiance de cirque de "Carnival", rappelant Freaks), par moments enchantées ("Call Me Steam", à la limite de la comptine pour enfants), souvent sublimes avec les merveilleux "Explain" et "Shade and the Black Hat", les 9 pièces qui composent cet album se suivent comme les pages d'un livre qui renfermeraient chacune une histoire différente.
Au final, Return of the Frog Queen se trouve être un excellent premier album, bien que l'immersion dans le monde étrange d'Enigk puisse être difficile voire impossible. À noter également un soin littéraire très intéressant et un très beau maniement de la langue de Shakespeare. La musique baroque de Jeremy Enigk représente véritablement l'œuvre d'un seul homme, qui règne sur ses morceaux grâce à sa voix majestueuse.
(XSilence, avril 2010)
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