31 décembre 2011

FIN DE SIÈCLE

samedi 31 décembre



En revenant en France, j'avais tellement hâte de revoir la mer... Cette mère Méditerranée sans qui je me sens souvent perdu. Et me voici, à l'aube de l'enterrement de l'année 2011, sur les rôchers du port de Cannes, contemplant le magnifique spectacle du coucher de soleil sur l'Estérel...

« Je croyais que tu voulais dire au revoir à la mer ? »
J'entends cette voix d'enfant près de moi. Je pense que je vais faire la même chose. Tout comme congeler cette instant qui glace les sens, en photo. Cet endroit me manquera. J'y ai passé tellement de temps cette année que je voulais lui rendre hommage et le saluer. Il représente bien ces 364 jours écoulés sous ce calendrier. C'est là que je venais cet été, seul, lisant "Le cœur cousu" de Carole Martinez et pensant à elle. Un espèce de sanctuaire au milieu de tout le monde et de toutes sortes de gens, mais à la fois seul face à ses pensées, ses rêves, ses désirs, son amour, et elle, cette étendue d'eau.






Après réflexion, je pense que l'année 2011 aura été la plus belle de toute ma vie. J'ai fait tellement de choses, j'ai réalisé tellement de rêves et j'ai franchi tellement de pas que je n'aurais jamais soupçonnés... Et puis il y a eu elle. Le projet Erasmus, la lutte vers l'amour avec elle... Même s'il y a eu de la souffrance, je me suis affranchi des douleurs et j'ai vraiment, je pense, atteint le bonheur. C'est ça qui est dur à réaliser, sans doute. Sans elle, je n'aurais pas accompli tout ça, après tout. Je ne serais peut-être jamais parti en Espagne. C'est en 2011 que j'ai pris mon envol et j'espère que mes ailes continueront à se déployer. Elle m'a donné une putain d'envergure... Je ne sais même pas comment le lui rendre. J'espère que l'aimer comme je le fais est suffisant... Je t'aime, même si c'est dingue de se dire qu'on en est là aujourd'hui. Je l'aurais jamais pensé en commençant l'année : plus tard, c'est ce que je désirais le plus.
À côté de moi, un ivrogne s'approche pour me saluer. Après lui avoir demandé d'où il venait, il me répond "d'un pays de merde" avec son accent slave.

C'est dommage que cet endroit ne soit pas aussi beau qu'en été. Il est près de 17 heures seulement et le soleil disparait, luttant avec les nuages qui encerclent le vieux volcan en face de moi. Ici, rien n'avait changé, j'avais raison ; j'ai même l'impression que certains éléments ont regressé, ou bien "glissé" en arrière, comme me l'a soufflé ce mec africain quelques mètres plus loin, sans savoir ce que mon écriture raconte par ici. Il n'y aura bientôt plus de lumière. La prochaine fois que je la verrai, ce sera demain, c'est-à-dire l'année prochaine. C'est tellement con de raisonner comme ça, après tout ce n'est qu'un calendrier... Mais je suis tellement attaché aux dates, aux clins d'œil du temps, au hasard, tout comme au calendrier dicté par l'Astre (plutôt que par des conventions administratives) qui me dit réellement au revoir de loin, que je ne peux m'empêcher de penser à tout cela. À 2011, à l'amour. À Carole Martinez et à Frasquita qui ne me hante plus suffisamment. Aux anges, aux envols. Aux décisions, aux projets. Au Mexique, destination que j'ai choisie pour mon prochain nouveau départ, fin 2012. Aux étoiles, aux astres. Aux songes, aux cauquemars. Aux larmes, aux sourires. À l'écriture qui dévie. À ma famille, aux amis. À l'ivresse, au(x) lendemain(s). Aux parenthèses, aux points finaux. Aux nouveaux commencements, à ma santé, à celle de tous les autres. À cet été perdu. À ma nostalgie maladive. À mon amour gagné. À mes angoisses à guillotiner. À l'avenir, au bonheur, à elle : à bientôt.



(extrait d'un journal pas si intime que ça)

9 décembre 2011

XENOPHANES



Omar Rodríguez-López est un artiste prolifique. Xenophanes (référence au philosophe de la Grèce antique), concept album gravitant autour de thèmes spirituels comme la réincarnation, ne constitue rien de moins que son douzième album. Il faut dire que l'ex-guitariste des regrettés At the Drive-In ne manque pas d'inspiration, entre ses efforts solo et les délires psychotiques de The Mars Volta. Et même si son compère infernal, Cedric Bixler-Zavala, n'a rien à voir avec ce Xenophanes paru en 2009, la proximité avec le groupe d'El Paso est plus qu'évidente tout au long de cet album. Rappelant par moments The Bedlam in Goliath (sorti l'année précédente), l'album d'Omar Rodríguez-López est donc parfaitement signé de cette griffe si caractéristique qui enveloppe chacun de ses projets.


Nous ayant habitué aux expérimentations et aux sons venus d'ailleurs, le guitariste d'origine portoricaine fait débuter Xenophanes avec une piste d'intro qui mélange bruits bizarres, notes de musique étranges et gémissements ectoplasmiques. Sorte de rituel sonore caribéen du futur, cette pièce est un thème récurrent tout au long de l'album, s'immisçant notamment en conclusion de certaines pistes. Ainsi, en tant qu'auditeur, on ne s'égare pas, alors qu'Omar Rodríguez-López tisse de A à Z un ensemble très cohérent qui lui permet de raconter l'histoire délirante d'une femme dont l'homme qu'elle aimait meurt avant de se révéler être en fait l'esprit du père de la malheureuse (concept évidemment sorti droit du cerveau quelque peu dérangé - quoiqu'inventif - de Rodríguez-López), bref : ambiance...
D'un point de vue musical (après tout, n'est-ce pas le plus important ?), l'album comporte son lot de surprises et de déceptions. La plupart des titres sont assez pêchus et construits autour de la guitare vicieuse du compositeur, tisseuse de sons incisifs ou oniriques, et d'une section rythmique impressionnante (le batteur Thomas Pridgen est tout simplement effrayant, s'il était encore besoin de le rappeler). Le chant en castillan, partagé entre Rodríguez-López et sa muse Ximena Sariñana, ne laisse pas indifférent, et a le mérite de former la grosse part d'originalité de cet album solo en comparaison avec les travaux de The Mars Volta.
Dans l'ensemble, Xenophanes comporte des morceaux efficaces mais souvent trop complexes, alternant passages funky endiablés et envolées planantes. Entre lignes de basse malsaines ("Amanita Virosa"), piano déglingué ("Mundo de ciegos" et ses légères touches de salsa décalée) et prouesses à la six cordes, Omar Rodríguez-López démontre une fois de plus à travers cet album qu'il est un véritable architecte de sons. Le songwriter atteint véritablement des sommets avec l'hypnotisant "Ojo al Cristo de plata" (morceau bipolaire et crescendo dans l'intensité et l'émotion) et l'instrumental "Sangrando detrás de los ojos", véritable bijou de sensualité, bande-son d'exploits charnels.
Malheureusement, et c'est là que le bât blesse, Xenophanes est aussi l'occasion pour Omar Rodríguez-López de pondre des morceaux certes psychédéliques mais peu originaux, voire sans véritable intérêt. Certains plans sont prévisibles et quelque peu réchauffés : ainsi, ORL va même jusqu'à se permettre de doter 3 morceaux consécutifs du même refrain facile et chiant. Concept album ou pas (on peut toujours argumenter, affirmant que les 3 pistes n'en forment qu'une...), il est évident que ces bémols viennent ternir l'ensemble de l'œuvre, malgré les très bonnes idées et les passages remarquables.

Au final, l'album ne s'affranchit que peu du style de The Mars Volta. Et c'est bien là le problème : on a du mal à oublier le groupe d'El Paso dans cet amalgame sonore certes extrêmement riche, mais peu inspiré. Toutefois, l'univers coloré et tentaculaire d'Omar Rodríguez-López comporte son lot d'originalité, et Xenophanes a le mérite d'en être très représentatif. Capable de coups d'éclats et doté d'une homogénéité et d'une structure linéaire indéniables, Xenophanes se trouve être, en plus d'un album difficile d'accès, perdu dans sa propre complexité. Le tout est de vouloir pénétrer ou non dans les délires de son auteur de génie.



(XSilence, août 2011)

RECODO



Alucinada fue la lucha que nos unió,
Como si todo esto fuera escrito ya.

Hay un nuevo río corriendo en nuestras venas ;
Él y yo te ofreceremos un paraíso,

En el que Santa Catalina será un astro,
En el que nos daremos las manos y las alas.

Recuérdate el viejo puente romano ;

Una nueva estación empezó a crearse,

Yo conocí el Triunfo antes de Murube.


Creo que mi corazón es cosido al tuyo ;

Ahora lo puedo sentir en la alcazaba,

No techo del mundo entero sino del nuestro.
Esto es la cumbre de un viaje embrujador,

Que seguimos contínuando tú y yo
Hasta la caída a un mar de amor.

Habla, mar: cuéntame lo que encierras a dentro,

Porque sabes tú que yo te deseo alcanzar

Sin la henné de tu piel que iré olvidando.


Parece que los ángeles conocen perfectamente

Las líneas rectas que se harán montañas.
Nueve estrellas me lo murmullaron de noche

Para dar felicidad a mis mañanas.

Y porque lo ves, princesa,
Los milagros son los que se escriben,
Y porque Amor, nuestro ángulo siempre se elevará :

La Giralda será nuestra azotea,
Donde te quedarás tú, alucinada.

27 mai 2011

RETURN OF THE FROG QUEEN


Return of the Frog Queen correspond à la conversion de Jeremy Enigk au christianisme au milieu des années 90, pendant un hiatus de Sunny Day Real Estate. Mine de rien, cette découverte spirituelle est indissociable de l'œuvre du chanteur, qui signe ici son premier album solo. Guitare, basse, batterie, piano et même harpe, Jeremy Enigk est sur tous les fronts et ne se contente plus d'utiliser seulement sa voix pour façonner son univers si particulier. Agrémentée d'un orchestre classique à la fois sobre et grandiloquent, la musique de Return of the Frog Queen nous ouvre les portes d'un monde unique et pour le moins merveilleux.

Et on y entre corps et esprit depuis l'introduction acoustique avec la guitare d'"Abegail Anne" jusqu'au "Fallen Heart" final, redescente après le rêve, ou épilogue d'un livre enchanteur. Car dès l'écoute de Return of the Frog Queen, on ne peut s'empêcher de penser à un étrange conte pour enfants. Les arrangements, les cordes et l'orchestre n'y sont certainement pas étrangers. Au fil de l'album, on voit apparaître des créatures fabuleuses se dessiner dans une ambiance féérique.
Si l'essentiel de cet album s'affranchit volontairement de la musique de Sunny Day Real Estate, on retrouve tout de même quelques similitudes avec le groupe de Seattle, principalement à travers les lignes de chant et les envolées lyriques de Jeremy Enigk. Return of the Frog Queen comporte essentiellement des ballades envoûtantes et des morceaux calmes. Parfois inquiétantes (l'ambiance de cirque de "Carnival", rappelant Freaks), par moments enchantées ("Call Me Steam", à la limite de la comptine pour enfants), souvent sublimes avec les merveilleux "Explain" et "Shade and the Black Hat", les 9 pièces qui composent cet album se suivent comme les pages d'un livre qui renfermeraient chacune une histoire différente.

Au final, Return of the Frog Queen se trouve être un excellent premier album, bien que l'immersion dans le monde étrange d'Enigk puisse être difficile voire impossible. À noter également un soin littéraire très intéressant et un très beau maniement de la langue de Shakespeare. La musique baroque de Jeremy Enigk représente véritablement l'œuvre d'un seul homme, qui règne sur ses morceaux grâce à sa voix majestueuse.



(XSilence, avril 2010)

1 mai 2011

TRAYECTORIA


No sé de qué mal moriré:

Una angustia me devora el pecho,

E invade mi vida que no elijo,

Sólo dejándome mi fe.

Tengo yo en el corazón un hermoso vaivén,

Rodeado de aquella sonrisa nueva

O de heridas que nunca se resorben.


Imagina que haya una divina ilusión,

Nacida de juegos o de algún ademán;

Tapices volantes pronto te llevarían

Enfrentándote a esta idílica división.

Ríndete; dame la mano.

Me ofrece la luz maravillosa,

Iluminando nuestra paralela,

Nuestro amor perpetuo.

A pesar de los cambios de ritmo,

Bailamos con esta música; porque sabes,

Las luchas intestinas de nuestros riñones

Embrujan siempre cada momento.


Veremos tú y yo lo que obtendremos,

Acrósticos e imanes y varios soles.

Iremos cada vez más bajando los astros,

Verticalmente o no, como tú lo haces.

Espejo que nunca se apague,

Nunca supe de qué bien moriré…